« Bien. Première séance, comment vous sentez-vous Pandorà ? » Levant les yeux vers lui, elle afficha la mine boudeuse d'une gamine de dix ans, le syndrome de Peter Pan se manifestant sans qu'elle le veuille dans sa vie. « Comme un de ses rats de laboratoire enfermé dans une cage et surveillez par un scientifique qui va me disséquer. » Le psychologue se permit de lâcher un léger rire, pourtant, il tentait de rester impassible. Notant on-ne-sait-quoi sur son calepin, sans vouloir jamais le lui montrer, il ne parlait que très peu, posant des questions sans jamais donner de réelles réponses à celles qu'elle, posait. « Tu sais que nous sommes là pour tenter de te faire gérer au mieux le syndrome de Peter Pan qui a fait ''irruption'' depuis quelques années. Généralement, il faut remonter jusqu'à l'enfance pour cela. Parler moi de votre enfance, de vos parents. » Arquant un sourcil sceptique devant ce qu'il disait, elle jeta un oeil à la pendule, il restait quarante-cinq minutes avant que le ''ting'' signifiant la fin du rendez-vous ne retentisse. Elle avait d'abords songé à parler de choses futiles et à tout mélanger pour qu'il ne comprenne rien et qu'elle n'ait pas à parler d'elle mais c'était tout bonnement idiot de faire cela, alors, elle se lança, tournant d'abords autour du pot, comme d'habitude. « Vous savez, j'ai pardonné des erreurs presque impardonnables et essayé de remplacer une personne irremplaçable. J'ai toujours agi par impulsion, je ne réfléchis pas, j'ai déçu beaucoup de gens. J'ai été aimé sans savoir moi-même aimé. Mais, ce que je n'ai jamais pardonné, ce que je ne pardonnerais jamais et celui que je me refuse a aimer c'est bien Georges, depuis que je l'ai vu lever la main sur ma mère. Vous savez, je me suis souvent demandé si la rédemption existait. On dit que le chemin est long mais, a-t-il seulement une fin ? Ma mère, je l'ai toujours respectée, plus que n'importe qui. Mais, elle a décidé de partir, loin, tellement loin que je ne peux l'atteindre, son corps est là, son esprit m'a abandonné. Elle est meurtrie, si vous saviez et ça m'a tué. » Ce contentant de hocher la tête, il écrivit encore et encore.

Les minutes s'écoulaient et il écrivait encore. « Tu n'as parlé que de tes parents, jamais tu n'as évoqué ta propre vie. » Fronçant légèrement les sourcils, elle jeta un oeil dehors, la plus battante de Londres avait parfois quelque chose d'apaisant mais, en d'autres moments, elle vous rendait encore plus mélancolique que vous ne l'étiez déjà. « Parce que, voyez-vous, toute ma vie se résume en ce jour, ou je l'ai vu lever la main, que j'ai vu ma mère le visage en sang pleurer, non pas à cause de la douleur mais parce que j'avais tout vu. » S'arrêtant un instant, elle reporta son regard sur la pendule, puis, sur ses mains, qu'elle tordait nerveusement entre elle. « A cause de ça, je ne crois plus en grand-chose, ma jeunesse s'est envolée, parce que ma mère a décidé de partir, on a du bosser dur pour s'en sortir, moi y comprit et elle ... elle, elle avait changé, était devenue vide. Plus de sourire, plus rien, elle buvait, se laissait mourir. Et j'ai perdu fois, en elle, parce qu'elle abandonnait. Et partiellement en l'amour. Bien sur, je crois que deux personnes peuvent s'aimer, je crois en l'amour. C'est en l'amour durable que je ne crois pas. Ce qui explique que j'ai cette habitude de détruire chaque relation amoureuse que j'ai pu avoir ayant duré plus de quelques semaines. » Le ting, retentit alors. Elle hésita pourtant à se lever, fixant uniquement le psychologue qui lui, terminait d'écrire une nouvelle chose sur son calepin, comme si elle était réellement un rat de laboratoire sur lequel il avait fait ses tests. « Bien. Fin de la première séance, comment vous sentez-vous Pandorà ? » Se levant en soupirant, elle comprit que la première question posée était identique à la dernière. Se pinçant légèrement les lèvres elle attrapa son sac, sa veste et son sac, sortant d'avance son portable auquel elle était incroyablement attachée. « Je ne me sens .. Normale. Je ne suis pas heureuse, je le sais, j'ai un vide. Mais, je ne suis pas malheureuse et ça, ça me suffit amplement. » N'attendant aucune réponse, elle quitta les lieux, rentrant chez elle.

Pandorà-Jane, une vie simple, faites de malheur, de bonheurs. Une femme-enfant atteinte du syndrome de Peter Pan, cherchant constamment l’adrénaline, ne croyant pas en l’amour durable, geek la moitié du temps, adorant faire la fête, respire la pseudo-joie de vivre, au caractère bien trempée, aux remarques parfois cinglantes. Au regard expressif, au sourire enjôleur. A l’esprit aussi optimiste que possible et surtout, surtout, avec une vision du monde semblable à aucune.